Chase my nightmare [ ft Shi Da ]

Paisible nuit d’un calme rare dans l’établissement, Shi Da dort profondément et ne rêve de rien, simplement emporté par les bras de Morphée après s’être allongé sur son lit. Le sport et les cours ont bien aidé à trouver ce rythme parfait pour être fatiguée à une certaine heure et se lever sans besoin de réveil, mis cependant par précaution, à une autre plus matinale. Mais il en a été autrement, car rapidement la main pressée sur son épaule insiste. Ce qui au départ n’était qu’une sensation au travers du voile épais d’un monde irréel transperça la petite bulle de bien-être du sportif au profit d’une voix qu’il ne connaissait que trop bien. Les tremblements qu’il percevait brièvement eurent raison de lui faire ouvrir les yeux et de grogner pour découvrir la silhouette à peine distinguable d’un Ren et de sa peluche.

Si l’étudiant n’avait pas son âge, il aurait aisément pensé à un enfant par son comportement, son visage enfantin et apeuré, autant que son air ensommeillé troublé par les secousses brèves et à peine perceptibles, mais bien présente. Le métisse se redressa, assis en face du jeune homme, il devait lever la tête et pourtant avait en face de lui un garçon plutôt fragile en règle général. Pour Shi Da, le changement de comportement était essentiellement dû au fait qu’il n’assumait pas cette fragilité, il sentait bien qu’il n’y avait pas que cela, mais ne s’y attardait pas dans ses réflexions, préférant prendre les choses comme elles venaient. Il se contenta de tirer doucement sur la manche de la main libre du garçon, l’invitant à s’asseoir à côté de lui. « Ça ne va pas ? » cette familiarité et ce ton calme employé uniquement auprès du côté doux du jeune homme avait été permise par le hyung que Ren n’aurait jamais prononcé. C’était un indice précieux autant qu’un repère autorisant certains gestes, certaines actions plus que d’autres. Il fallait s’avoir s’adapter et se montrer patient, chose que parfois ShI Da avait du mal à faire et pourtant il s’en sortait assez pour que son colocataire ait confiance en lui. « Tu veux en parler ? » dit-il, se demandant s’il était judicieux de poser des questions. Ren lui en voudrait surement plus tard, ça lui était égal, ses secrets seraient avec lui bien gardés. De toute façon, il ne pouvait pas résister quand il se montrait aussi docile, parce que le besoin d’aider et de ne pas reproduire les mêmes erreurs en ne tendant pas la main l’avaient profondément marqué.

Il avait oublié ce détail. Le jeune homme parlait de lui à la troisième personne, exprimant par une autre manière cette personnalité comme s’il annonçait qu’elle n’était pas la seule. Shi Da y avait déjà été confronté à ce changement soudain et il savait par avance qu’à tout moment, il pouvait se manger des paroles qui seraient en totale contradiction avec les précédentes. Mais il se devait de taire cela, pour ne pas troubler davantage le garçon qu’il connaissait seulement par le biais de Rin. C’est celui qui est plus bavard et qui se confie assez pour révéler des moments, comme actuellement, intimes et que la personnalité la plus « normale » du lot n’aurait certainement laissé entendre, pas à ShI Da en tout cas.

Le sportif laissa son colocataire s’approcher et raconter ce drame qu’il devinait aisément, caressant la nuque d’un enfant qui avait le corps aussi bien développé que le sien. C’était étrange, pourtant, rien ne lui était vraiment difficile à accepter. Il caressa son dos, frictionna ses épaules « ça va aller tu n’es pas tout seul et tu le sais bien, pas vrai ? » il releva le nez, l’observant en faisant une moue mis amusée, mi boudeuse destinée à arracher un micro-sourire au garçon. Il n’avait pas l’air d’être prêt à dormir et le futur médecin se massa la nuque de sa main libre, sachant très bien que ses propositions pourraient à tout moment être déroutantes. Il s’était longtemps demandé si Ren ne le prenait pas pour un idiot et ne jouait pas de son caractère facile avec ses multiples personnalités, mais chaque détail avait son importance et le contraste entre ce qu’il disait à Rin et ce que Ren savait était si troublant qu’il s’était résigné à accepter. Même si ce pouvait toujours rester un stratagème pour essayer de l’approcher sans avoir à assumer derrière, soit, ce n’était pas ce qui lui importait. Il se débrouillait bien à son sens pour permettre à Ren d’être en paix avec lui-même et de ne pas faire de bêtise.

« Tu veux dormir avec moi je parie hm ? Ah, quel petit coquin tu fais ! Je ne peux pas résister de toute façon » Ren allait surement lui en vouloir et le traiter de pervers, mais il ne pouvait pas s’empêcher de sourire malgré tout, trouvant cela comique d’aider quelqu’un qui, à la fois l’appréciait et ne pouvait pas comprendre son comportement par les trous de mémoire que lui vivait pourtant très bien.

Pourquoi est-ce qu’il ne pouvait pas résister ? Il allait être dans de beaux draps, mais pourtant, c’était mal et il le savait, de laisser quelqu’un dans cet état. Ce n’était pas une comédie, ce n’était qu’une peur anodine pour la plupart des gens, mais qui restait traumatisante pour un enfant. Un cauchemar, tout le monde en fait, mais pas sur sa propre vie, pas sur des faits troublants. Ses mains réchauffaient doucement l’épaule du garçon, tandis qu’il proposa de dormir avec lui, attisant la curiosité de son colocataire avant qu’il ne se mette à bouder pour savoir s’il voulait vraiment de lui dans son lit. La réponse était évidente, ce n’était pas qu’il ne le voulait pas, c’est que Ren, lui, n’allait pas être content. Mais c’était un risque à prendre et il était prêt à se sacrifié pour ça.

« Oui tu peux, ne t’en fais pas. Je n’ai aucune raison de me mettre en colère d’accord ? Et puis je ne t’aurais pas proposé si je ne voulais pas » il essayait d’être le plus logique possible et cela marchait assez bien. Shi Da est un garçon qui ne supporte pas les larmes de crocodiles et la souffrance d’un être innocent et c’est ce qu’était à ses yeux Rin, malgré les bizarreries de côtoyer plusieurs personnalités. « hmm… tu veux un chocolat avant de dormir ? C’est bien le chocolat pour aller mieux » ce n’était pas l’ingrédient magique, à vrai dire le facteur humain y était pour beaucoup, mais les propriétés de cette gourmandise aidaient assez bien pour être notables. Il avait remarqué que Ren était assez solitaire et que Rin cherchait désespérément les personnes de confiances à sa place. Le sportif espérait être à la hauteur et pouvoir mettre du baume au cœur de ce garçon brisé par il ne savait quoi. « Tu veux venir avec moi ou je vais le faire vite pour te l’apporter ? »

Les yeux de Rin s’étaient agrandit et il avait enfin offert au sportif un sourire digne de ce nom. Comblé, et attendri, il s’était immédiatement proposé et avait levé son petit doigt pour le lier à celui du jeune homme « Oui, promis » Qu’importe le résultat avec Ren, Shi Da aurait au moins apaisé les crises d’une de ses personnalités, ce qui n’était pas donné à tout le monde. Il proposa ensuite d’aller faire un chocolat et une fois de plus la joie pris le pas sur les angoisses du petit lapin, ce qui le fit sourire. L’étudiant médecin ébouriffa avec précaution le « plus jeune », se demandant comment il était possible d’être aussi adorable et pourtant si froid. Mais il n’était personne pour juger et plus encore savait que la psychologie était un domaine assez vaste pour s’embrouiller l’esprit facilement.

Quand il émit l’idée d’aller faire rapidement le chocolat, le petit lapin s’était vu serré et la voix de l’étudiant laissait deviner qu’il ne voulait pas rester seul autant qu’il avait une peur bleue d’on ne savait quoi. Shi Da ne releva pas, haussant les épaules et gardant la main du garçon sur sa manche pour acquiescer. « D’accord, alors allons chercher un chocolat et dormir ensuite, hm ? » Il se redressa doucement, attendant Rin qui ne tarda pas à le suivre comme un petit poussin qu’il était. Le garçon semblait collectionnait les images de petits animaux mignons dans la tête du sportif, ce qui fit sourire ce dernier une fois arrivés en cuisine. « On va essayer de ne pas faire de bruits » dit-il, en ouvrant les placards pour récupérer chocolat, sucre et tasse. Finalement, le lait dans le frigo et une cuillère dans un tiroir en mains, il se mit à l’ouvrage pour préparer un bon chocolat à défaut d’être munis des vrais bâtonnets à faire fondre, il improvisait, se promettant de ramener de vrais sucreries à son petit protégé. Il ne savait pas depuis quand il avait adopté ce comportement tant il était naturel pour lui de se conduire de la sorte. Certes méfiant d’être pris pour un idiot avec ces personnalités multiples, mais il le faisait de bon cœur et cela suffisait à le réconfortait.

Finalement, une fois la préparation effectuée, il put donner la tasse encore chaude à Rin « Attention à ne pas la faire tomber, tu as l’anse pour ne pas te brûler, je compte sur toi » dit-il en rangeant le tout après avoir nettoyé le plan de travail. Ils n’avaient plus qu’à rebrousser chemin. Une question persistait cependant, qui étaient les méchants dont parlait Rin ? Il n’osait pas le lui demander… s’en souvenait-il seulement ?

Rin était plus détendu et Shi Da se sentit plus à l’aise, rassuré de voir son colocataire aussi serein, il se leva, laissant le temps au jeune homme de mettre ses affaires en ordre en laissant ce dernier l’attraper par le tee-shirt à la façon d’un enfant. Pour sûr, un jour, si quelqu’un disait à Ren qu’il se baladait en agrippant le haut du sportif au beau milieu de la nuit, il n’en reviendrait pas et à vrai dire Shi Da espérait que ce jour ne viendrait jamais, parce qu’il prendrait surement cher alors qu’il n’a pas mal agi. Une fois à la cuisine, Rin sautillait sur place, laissant le futur médecin attrapa une bouteille de lait et deux sachets pour pouvoir faire les chocolats, mais en le voyant faire, Rin voulu s’y mettre aussi.

Hésitant au début, l’étudiant fit un oui de la tête, prenant soin de le surveiller, comme s’il était vraiment un enfant. Il lui donna les indications, d’une voix douce et basse, faisant chauffer la casserole pour ne pas entendre le micro-onde tourner et réveiller quelques habitants. Il l’aida à verser le lait dans la tasse une fois chauffé puis à ouvrir le sachet et le laissa verser ainsi que mélanger. Il sourit, acceptant le cadeau sagement, puis ils récupérèrent leurs tasses après avoir nettoyé pour revenir à la chambre. « Normalement, on n’a pas le droit, mais on va faire attention » dit-il, puis de toute façon, qu’est-ce qu’ils risquaient ? De tâcher un drap ? Il le laverait lui-même s’il fallait. Shi Da attendit que son chocolat refroidisse un peu en disant « merci » à Rin puis but deux gorgées en demandant ensuite son avis au garçon « Alors ? Ce chocolat est bon ? » il souriait toujours, fier d’avoir éloigné le mauvais rêve de son ami en si peu de temps.

Voir le jeune homme s’attarder autant et essayer de s’appliquer à la confection de son chocolat lui faisait chaud au cœur, néanmoins, il savait que le lendemain ne serait pas une mince affaire. Il ne s’en préoccupait pas sur le moment, préférant faire plaisir et apaiser l’étudiant, surveillant ses faits et gestes afin que tout se déroule bien. Une fois les deux chocolats prêts, ils revinrent dans la chambre après avoir nettoyé puis se posèrent sur le lit du plus « vieux », lapin en main pour Ren et chocolat seulement pour Shi Da. Le sportif sourit en voyant Ren aussi heureux, se sentant soulagé de lui avoir fait oublier ses malheurs.

Il prit sa boisson et but doucement, appréciant le gout sucré et la chaleur douce qui s’en dégageait. « Moi aussi Rin, moi aussi » dit-il, « merci à toi tu as bien réussi mon chocolat aussi » reprit le brun en lui faisant un clin d’œil. Il ne fallait pas négliger les efforts fournis et ShI Da avait le sens du détail, parfois du moins. Ce soir était particulier, il était fatigué, mais n’avant pas envie de dormir, car une fois levé, son corps habitué au sport réclamait sa routine. Il allait se forcer, évidemment, et le fait d’être encore dans sa chambre, dans la pénombre, seulement éclairés par l’une de leurs lampes sur une commode donnait à la pièce cette image d’un vieux film ou l’on commence à peine à s’endormir et où monstres et merveilles prennent place pour les besoins scénaristiques. Etrange qu’il pense cela, se disant que Ren était bien plus calé dans le domaine pour en faire une description, mais après tout, il n’était pas désintéressé de ce que faisait son colocataire. Il avait juste du mal à communiquer avec lui, ce qui était compréhensible étant donné les nombreuses fois où Rin avait pris sa place pour se blottir contre lui. Mais si c’était amusant d’une certaine façon, le fait de ne pas être apprécié de Ren, mais de Rin était regrettable, il aurait voulu convenir à toutes ses personnalités.

Les yeux pétillants, des étoiles les parcourant, à coup sûr Shi Da avait su apaiser les craintes du jeune homme. Il fut rassuré et laissa son colocataire récupérer sa peluche en finissant lui aussi son chocolat avant d’exprimer ne pas avoir envie de dormir. La voix grave et le ton doux du sportif pour l’inviter à dormir eux malgré tout suffisamment d’effets pour que très rapidement les yeux du garçon se ferment, laissant place à un visage serein et dénué de toute crainte. Shi Da qui cherchait de quoi épuiser suffisamment son homologue n’avait plus rien à faire désormais que se coucher lentement aux côtés de Rin, tenant sa promesse de ne pas le laisser seul dans ce lit en connaissant pourtant les risques.

Peu importe la haine que lui vouerait Ren, il garderait ses secrets et au fond de lui aurait surement cette humeur stable qui lui permettrait de passer une bonne journée. Le médecin se contenterait de savoir y avoir participé et cela valait bien de se faire réprimander aussi sévèrement. Il hausse les épaules doucement, baille et finalement s’installe en prenant grand soin de ne pas trop secouer le jeune homme aux allures enfantines. Il avait eu des câlins, des moments tendres et sa soirée écourtée il ne la regrettait aucunement, malgré les apparences. Le futur médecin garda précieusement en sa mémoire les traits du jeune homme. Il ne tarda pas à suivre, ses yeux se fermant tout seul et la chaleur du corps à ses côtés le plongeant dans un sommeil peu à peu, comme dans un nid douillet. Les lumières étaient éteintes, les tasses ne risquaient plus d’être renversées, il pouvait sans crainte se laisser guider, souriant malgré lui en imaginant la stature d’un Rin plus petit, tel qu’il devrait être réellement.