Artifice (ft. Ji Won)

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Artifice

Un cri, que disais-je, un hurlement de joie sortant de ma gorge se fit entendre dans tout le jardin dans lequel je me trouvais, troublant ainsi la tranquillité présente. Je senti un mélange de regards confus et surpris tournés en ma direction. En effet, j'avais été très, pour ne pas dire trop, bruyant pour une raison que la plus part des gens jugerait futile. Seulement voilà, je n'avais pu me contrôler et ce son strident s'était échappé de ma gorge.

J'étais à ce moment là confortablement installé sur la pelouse d'un de ces sublimes petits jardins présents à l'intérieur de Rinkusu. Les fesses posées sur mon manteau noir, je pianotais sur le clavier de mon téléphone portable avec un sourire large et idiot fixé sur les lèvres. J'avais mon sac de cours à mes côtés qui était sensé me remettre dans le droit chemin, mais il n'y faisait rien.

La vérité était plus sombre. Tout étudiant se doit d'assister à ses cours mais la tentation affichée sur mon portable était beaucoup trop forte. J'avais reçu un mail de ma banque m'indiquant que mes parents m'avaient fait un versement assez conséquent, genre le chiffre 1 suivi de quelques 0 bien agréables à regarder. En gros, j'étais plein aux as et j'adorais cette idée.

L'heure allait bientôt passer sur le cinq. Cela signifiait que mon cours de démographie n'allait pas tarder à débuter. Seulement voilà, l'appel du compte bancaire et des boutiques se faisait trop important pour je le néglige. En plus de cela, je blâmais mon sac de cours, l'injurant parce qu'il n'avait pas été capable de gérer mes dépenses compulsives. Et de toute façon, alors que je pesais toujours le pour et et le contre, je trouvais qu'assister à un cours à une heure aussi tardive était une idée pénible. Je savais que je me contredisais tout seul, une heure de cours n'était pas la mort, mais j'essayais de me donner toute les bonnes raisons pour sécher et partir faire du shopping, afin d'avoir la conscience la plus tranquille possible.

C'était alors avec un grand sourire qui creusait considérablement mes joues et laissait apparaître mes fossettes que je me levai. J'attrapai mon sac et mon manteau que je secouais activement avant de le placer sur mon épaule. Lorsque je baissai la tête, je ne pu retenir une petite grimace d'énervement face à la tâche présente sur ma belle chemise blanche. Je me l'étais faite ce midi à la cafétéria et je comptais bien évidement sur mon colocataire pour la faire partir. J'habitais dans un petit appartement en ville, j'avais préféré de loin cela à l'internat de la fac. J'avais souhaité conserver un minimum de liberté et de vie sociale en dehors de la fac.

Je marchais maintenant le long de l'allée en direction de la sortie du jardin, bien décidé à faire chauffer ma carte bleue. Mon allure était celle d'un imbécile heureux, c'était limite si je ne sautillant pas tant j'étais de bonne humeur.
Cependant, mon attitude changea du tout au tout lorsque mon regard se porta sur un jeune homme assis sur un banc. Je m'arrêtai alors à quelques mètres de lui, coupé dans mon élan, visiblement intrigué. Mon sourire s'effaça lorsque je compris que quelque chose chez lui clochait. Il semblait triste. Ma curiosité piquée, je ne pouvais pas m'empêcher d'avancer lentement vers lui. Pour moi, cette journée était une bonne journée alors je ne voulais pas voir de personnes tristes autour de moi.

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ArtificeFt Yoo Jayden & Kang Ji WonAh... Je déteste ce genre de journée. Il fait beau, le ciel est dégagé et pourtant je ne me sens pas bien. Ce n'est plus une nouvelle pour moi, et ce détail me saute de plus en plus aux yeux quand je me réveille tous les matins. Je ne me sens pas à ma place... J'ai été mis à l'écart de ce monde pendant tant d'années que j'ai du mal à agir normalement. Les gens la plus part du temps me trouvent bizarre... J'ai une timidité quasiment maladive, j'ai du mal à interagir avec d'autres personnes, encore moins quand je ne les connais pas. Mais là n'est pas le plus gros problème... Certes, je n'ai encore bien cerné la notion de la pudeur, mais j'ai quand même un peu honte de me montrer. J'ai tellement de cicatrices, et je ne peux pas cacher celles sur mon visage et mon cou... Quand on me parle parfois, je vois ce regard plein d'interrogations qui reste fixé sur mes cicatrices plutôt que sur mes yeux. Tout ça me dérange... Sans oublier les quelques moqueries que je dois subir, déjà avec mes colocataires, mais aussi en classe parce que je lis plutôt mal... Ou que je fais encore pas mal de fautes d'orthographe.

Aujourd'hui encore je dois supporter tout ça. Aujourd'hui encore, alors qu'il fait beau l'envie de sourire m'est passée. Je pourrais aller voir les seuls véritables amis que j'ai, mais je n'ai pas envie de les embêter avec ça. Je pourrais aller danser aussi, ou bien me défouler sur un sac de sable mais là encore je n'ai pas la force pour le faire. Je sais bien que je ne suis pas seul, et heureusement. Mais c'est comme ça, je ne m'aime pas... C'est tout. Je n'aime pas me montrer, alors qu'avant cela ne m'aurait pas dérangé vu le milieu dans lequel j'étais. Je ne pensais vraiment pas que toutes mes particularités pouvaient... Déranger, à ce point.
A cause de tout ça, en cours aujourd'hui j'avais vraiment la tête ailleurs. Je n'écoutais pas tellement, et j'ai pas réussi à me concentrer assez pour noter la totalité des cours... A un moment, j'ai même finis par m'endormir, le problème est que je suis au premier rang... Alors je vous laisse imaginer la suite. Un professeur mécontent qui vous réveille et tout le monde qui ricane... Et un élève complètement gêné et soumis qui s'excuse plusieurs fois avant de se taire et de s'enfermer dans son petit monde. Je n'ai vraiment pas aimé cette journée...

Du coup, cette après midi j'ai fais quelque chose que j'aurais voulu éviter de faire... J'ai séché les cours. Tout ça pour me réfugier sur un banc dans un des jardins de Rinkusu. Bien sûr, je reste vers la sortie du jardin, et caché derrière un buisson histoire que l'on ne me repère pas. Je me recroqueville donc comme le ferait un enfant, mes bras enlaçant mes jambes et ma tête posée sur mes genoux, l'air triste. Je réfléchis, encore. Comme si je ne le faisais pas assez. Je renifle un peu, chassant du mieux que je peux les quelques larmes qui voudraient couler d'elles-mêmes. Les heures passent, et quand je regarde mon téléphone il est cinq heures... Je n'ai pas envie de bouger, alors je reste assis là, le regard quasiment dans le vide. Puis d'un coup, je vois quelqu'un s'approcher de moi, avec une joie de vivre certaine. Je le regarde s'approcher, ne sachant pas trop quoi dire, je ne sais pas ce qu'il veut... Je me racle un peu la gorge, jouant nerveusement avec mes doigts histoire d'essayer de chasser mon mal être.

"... S-Salut ?.."

Je ne sais pas vraiment pourquoi je me suis senti obligé de faire le premier pas en lui adressant un salut très peu assuré, marquant encore une fois cette timidité et ce manque d'assurance et de confiance en moi que je n'arrive pas à éliminer. Je dois juste avoir l'air ridicule... Comme toujours d'ailleurs. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

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Artifice

Il fallait avouer que je m'étais attendu à tout sauf à entendre une voix de portée aussi faible que la sienne. Peut être étais-ce une forme de stupidité de ma part, je réfléchissais peu, mais j’appréhendais souvent. Après tout, je ne pouvais pas m'attendre à autre chose venant de la part de quelqu'un qui broyait du noir. Je devrais même me sentir honoré qu'il m'adresse la parole. Je pouvais deviner une forme de timidité en lui et pourtant il avait entamé la discussion. Quelque chose me disait que m'asseoir à côté de lui et repousser un peu ma séance de shopping valait le coup.

C'était donc ce que je venais de faire, j'avais pris place à ses côtés, manquant de l'écraser au passage. Je n'étais point connu pour ma délicatesse mais il n'avait pas bronché, il s'était juste contenter de me regarder faire et de se reculer un peu. Sans aucune gêne, j'avais brusquement tourné la tête et ancré mon regard dans le sien. Je lui lançai un regard un peu interrogateur, je tentais d'analyser sa petite personne malgré que je ne soit pas douer pour cela. Généralement, pour remonter le moral des autres, je me contentais de les serrer dans mes bras pour leur faire comprendre que j'étais là. Je n'étais pas doué avec les mots et j'en étais pleinement conscient. Cependant, je ne connaissais pas ce jeune homme triste à mes côtés et je ne voulais pas l'effrayer.

Je réfléchissais quelques peu à la meilleure façon de l'aborder, sachant que je n'avais pas répondu à sa salutation. J'avais peur de paraître trop bizarre ou trop brusque. Alors je m'étais contenté de lui offrir le sourire plus plus sincère que je possédais en réserve. Brillant, chaleureux, de larges fossettes prirent place à la place de mes joues.

Ce manque de réaction de ma part n'était pas habituel je me surprenais tout seul mais je ne savais comment réagir autrement. Pourquoi ce petit être présent à mes côtés m'avait-il attiré à ses côtés si je ne pensais pas pouvoir faire grand chose pour lui? Je devais au moins essayé, puisque j'étais ici, je n'avais vraiment rien à perdre. Certes, nous étions l'un pour l'autre des inconnus mais cela ne me dérangeait pas; j'espérais que c'était pareil pour lui.

"Dis, y'a quelque chose qui ne vas pas?" j'entrais directement dans le vif du sujet. Evidemment que quelque chose n'allait pas chez lui mais je n'avais pas trouvé d'autre mots. Encore une fois, la brutalité de ma personne refaisait surface. "Tu m'avais semblé tout triste de loin... Alors je venais vérifier."

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