Alpha contre Oméga ft Seol Han

Ces rendez-vous réguliers destinés à entrainer une omega m’étaient quelque peu habituels et je prenais un malin plaisir à lui faire mordre la poussière. C’est en perdant que l’on apprend, n’est-ce pas ? Dépendant de son statut bien sûr, car je crois que la volonté des alphas est un peu trop forte pour se permettre de perdre, ainsi que nos égos. J’en ai conscience, mais je le vaux bien. Je suis sous forme humaine, arbore malgré tout, des yeux ambrés pour dégourdir mon instant et rester à l’affut des autres prédateurs qui pourraient rôder et se leurrer ou profiter de ma condition de faible chose pour l’instant. Faible, c’est un mot qui ne convient pas, que ce soit sous ma forme humaine ou animale, mais soit, je conçois qu’un simple être humain ne fait la différence entre eux et nous alors que les bêtes, elles sont bien plus malines. Je hausse les épaules, m’impatiente, me pose sur un arbre pour faire passer le temps et grogne quelque peu pour me faire entendre, sait-on jamais qu’elle ne m’ait pas trouvée. Finalement, je ne la vois pas venir et commence à bouger, couvrant la piste de mes traces pour qu’elle se donne un peu de mal lorsqu’elle sera dans les parages. Il lui faut bien ça pour apprendre à se foutre de moi. Je ne bloque pas mon après-midi pour qu’un oméga s’amuse à me poser un lapin. J’ai autre chose à faire de ma vie que prendre soin de son entraînement.

Quand enfin je la sens, cette odeur particulière, je grogne, descend de mon perchoir. Elle reprend forme humaine et je m’évertue à la toiser de toute ma hauteur, prenant mon temps pour me défaire de mes propres vêtements tandis qu’elle est nue comme un ver. Ça ne me pose aucun problème, j’en ai vus des paires de seins et aussi jolie qu’elle soit, les insolentes de son genre finissent toujours par plier… je n’ai aucun intérêt à la soumettre de cette façon, c’est bien plus appréciable de la dominer sous forme animale simplement par un combat entre son poids de Lynx et celui de ma nébuleuse acrobate. « Tu crois ? Non, seulement quand j’en aurais envie et pour l’instant je ne suis pas disposé à te servir de maître. Je me fiche pas mal de pourquoi tu es en retard, tu n’avais juste pas à l’être » dis-je en déboutonnant mon jean sans le retirer. Comme une envie de l’humilier, de la mettre mal à l’aise et de garder cette forme en retirant peu à peu mes vêtements… oui, mais elle ne se laissera pas faire et je n’hésite pas à laisser la panthère faire sortir mes dents partiellement. Je ne suis pas d’humeur à supporter ses jérémiades, je m’apprêtais à rentabiliser son absence par une chasse et une fois encore elle arrive comme une fleur, si nous nous entrainons je ne promets pas d’avoir autant de retenue qu’à l’accoutumée.

C’est qu’elle est aussi arrogante qu’une alpha, seulement elle n’en a pas l’étoffe et c’est d’autant plus agaçant. Elle se croit maline, tout lui est du sous prétexte qu’elle est une héritière ? Oh, si peu, dans ce cas il n’y aurait pas d’alpha et d’oméga. « Ma pudeur n’a d’égale que ton retard très chère, et je ne suis pas stupide, je me fiche juste de ce qui t’a poussé à l’être. Tu crois sincèrement qu’on te fera des cadeaux sous prétexte que tu es une fille de ? Si tu ne te comporte pas comme telle, dans ce cas tu n’es qu’une fille comme les autres qui ne mérite pas d’entraînement, compris ? » Et malgré tout, si mon conseil n’a pas l’air d’en être un, je suis presque offusqué d’avoir lâché autant de détails sur mes agissements. Je ne suis pas respectueux pour rien. Il y a des moments où l’on doit l’être et malheureusement, faire attendre, surtout les alphas n’est pas vraiment un bon point pour elle. Qu’importe, j’espère pour elle qu’elle l’a compris, car j’ai beau ne pas faire partie des familles royales, je n’en demeure pas moins un alpha qui a sa place au conseil en tant que tel. Faire bonne impression est primordial.

« Non, aujourd’hui tu vas apprendre à être patiente, ce sera quand je l’aurais décidé et pas autrement » Il était hors de question qu’elle s’en tire à bon compte et si je suis pour elle le pire, elle n’imagine sans doute pas l’égo de ceux qui sont plus haut placés. Je prends tout mon temps, laissant tomber ma chemise avant que mon jean ne suive, me retrouvant peu à peu en boxer noir tandis qu’elle doit se les geler. Je m’étire, fait craquer de nouveau mes os, attend patiemment en enfonçant mes pieds dans la terre me délectant de la sensation en réprimant volontairement mon instinct, mes yeux ambrés restant malgré tout présent pour avertir d’une éventuelle transformation. Elle devra être rapide et emboiter le pas si elle veut avoir des chances que je l’entraine, si elle loupe le coche, elle devra attendre encore. Et si elle s’obstine à attaquer en premier, elle se fera mettre à terre plus longtemps. Je me laisse finalement tenter, approchant du fleuve pour y plonger. Pas question qu’elle reste sous forme humaine si je prends l’autre apparence. J’attends qu’elle se décide en m’enfonçant jusqu’au cou, soufflant un air un peu froid. Qu’elle se dépêche, je n’ai pas que ça à faire.

Ce n’est pas le moment de me faire attendre, vraiment pas. Je laisse échapper un sourire en laissant entendre un grognement entre la menace et le ronronnement, la fixant sévèrement pour qu’elle change de forme pour qu’elle me rejoigne pour le faire. Je ne m’abaisserais pas à changer le premier pour offrir à ses yeux humains mon sang henshin.

« Mais le respect tu seras obligée de l’accorder que tu le veuilles ou non, Alpha ou non, tu as des supérieurs et des obligations, si tu y manques, ce n’est pas seulement à moi que tu auras affaire. Quant à tes problèmes, le monde ne tourne pas autour de toit » du moins, pas à ce que je sache ni pour l’instant, heureusement, ce serait un véritable enfer sur terre, cette fille provoquerait l’apocalypse des humains sans avoir besoin de lever la main, juste ouvrir sa bouche suffirait. Je la dévisage, prend tout mon temps avant de plonger pour ne pas laisser le loisir à sa forme humaine de voir ma forme la plus royale. Elle me suit, ne prétend visiblement aucune attention aux traditions, ce qui me fait soupirer avant de grincer légèrement des dents. Les bonnes manières, elle ne connait pas du tout. Je grogne et ressort sous cette forme majestueuse qui me détend, ressortant de l’eau trempée tandis que je jauge le lynx boréal. Y’a pas à dire, je préfère les panthères et les guépards, elle a une telle expression de blasée que c’est bizarrement en raccord avec l’humaine…

L’avantage de cette forme c’est que je la domine aussi, aussi bien par mon rang que par mes habilités, mon expérience et ma hargne. Je dois reconnaitre qu’elle n’en manque pas cependant, je ne le lui ferais pas savoir, me contentant de jouer des muscles sous ce pelage tacheté, jaugeant de mon regard ambré le félin qui me fait dorénavant face. Nous risquons cette fois de revenir avec des bleus et quelques coupures, fort heureusement nous récupérons un peu plus vite que la moyenne. J’ai hâte d’envoyer de mes coups de pattes et de lui faire mordre la poussière. Je grogne, le silence est de mon côté, la patience également, car je sais en faire preuve lorsqu’il est nécessaire de le faire. J’aime cette sensation de danger, de terre sous mes coussinets et de vibration sous le moindre mouvement ou son d’une nature sauvage faisant écho à nos instincts. Je frissonne, mon poil se hérisse et je profite de ce moment de concentration intense pour analyser cette situation. Tous les conflits se sont envolés, ou presque, prenant une forme plus primitive, exactement comme j’aurais voulu l’exprimer si j’avais été humain. Je n’aime pas faire la causette pour parler des problèmes qui ne sont pas les miens et quand bien même j’en aurais, je ne demanderais l’aide et les conseils de personnes… pas même à moi-même s’il m’était possible de le faire, vraiment. Un grognement plus tard, j’attends qu’elle vienne à l’assaut.

Elle est agressive, mais elle a besoin de moi et sur ce fait, nous nous rejoignons sous nos formes animales pour un entraînement que je lui promets intense. Elle attaque, elle n’est pas organisée, pourtant elle laisse son henshin dominer. Elle sait pertinemment l’utiliser, mais elle ne veut qu’atteindre l’objectif au lieu de se servir de son environnement, telle est ma force. Je profite des vibrations de ses pas pour esquiver ses pattes, de son odeur et du vent pour optimiser mes reculs, de ma vue perçante pour rebondir sur un arbre et donner un coup de patte près de son oreille. Elle n’était pas prête, du tout, elle allait subir. Je grognais, d’excitation, ne m’arrêtant pas sur ma lancée en montrant mes crocs, tournant autour après deux autres coups, intimidant ma proie, ce qu’elle aurait dû au moins essayer de faire. Déstabiliser l’adversaire, se rendre prévisible et pourtant obtenir une porte de sortie aisément, nous vivons dangereusement, ce n’est pour l’instant pas son cas.

Ce n’est pas une débutante, mais elle n’est pas entrainée, pas aussi fourbe, ou je ne saurais dire, ose-t-elle vraiment ? Il n’y en a qu’un qui m’égale et me rend assez docile pour pouvoir me planter ses crocs, pourtant, aucun de nous n’y a même songé. Une fois encore je grogne, me concentrant sur ma tâche de tuteur. Je suis tyrannique, ne tiens pas compte de son humeur, de son état, je ne suis pas certain que ce soit pour la bonne cause et pourtant, je la ménage. Encore une fois, pour ne pas perdre mon henshin, mon statut, ou bien peut-être parce qu’elle est une henshin, particulièrement une hanage ? Je bondis une nouvelle fois, me roulant par terre, elle a esquivé, c’est bien. Je secoue la tête, couvert de poussière et me redresse bien vite pour ancrer mes griffes au sol, jouant de ces dernières pour une adhérence optimale. Envoyant à mon tour quelques nuages poussiéreux chatouiller ses sens et troubler son mécanisme de défense. Nous sommes aussi humains, et nos facultés intellectuelles peuvent nous servirent si le dosage entre l’homme et la bête sont respectés. C’est tout un art de savoir quand le moment est venu de laisser l’instinct ou l’homme parler. Mais je passe le relais très rapidement à la panthère, dévorant de mes yeux ambrés cet instant ou mes crocs sont si proches de sa nuque. Je ne la soumets pas, mais elle sait qu’elle ne doit pas aller plus loin. Le cours n’est pourtant pas terminé, elle doit reprendre contenance pour comprendre ses erreurs et ne pas les réitérer. C’est un instinct qu’il faut avoir et qu’il est difficile d’expliquer avec des mots. Nous autres, métamorphes sommes moins bipèdes, certes, nous nous comprenons par ben d’autres façons.

Elle apprend vite et je n’en doutais pas, sinon elle n’aurait pas été sous mon autorité, en quelque sorte. Elle se prend les coups, puis finalement observe et use de ses sens pour revenir à la charge. Si elle fait de même en bondissant à l’aide d’un arbre, j’évite de justesse. Elle m’a touché et je n’en attendais pas moins d’elle, marquant la pause en l’observant à mon tour. De vive voix, je devrais lui dire de développer ses propres plans, pour une agilité bien plus performante en fonction de ses caractéristiques animales, non des miennes. Mes pattes sont puissantes, les siennes aussi, la longueur de nos crocs est différente, néanmoins le poids et la musculature de son henshin lui permet d’adapter mes techniques. Il ne manquerait plus que ça, et si j’étais sous forme humaine j’en rirais. Un Lynx qui attaque comme une panthère. Néanmoins, c’est l’effet de surprise qui prime et qui fera la différence entre l’homme et la bête ainsi que dans un combat.

Je ne lui laisse aucun répit, disons que même si je suis au bord de l’épuisement, elle aussi et je suis mieux formé, j’ai donc l’avantage d’être moins fatigué et de l’enquiquiner à ce point. Ce n’est qu’en la voyant essoufflée que je suis satisfait et m’assois en la toisant une nouvelle fois, grimpant à un arbre en ne lui tournant jamais le dos pour faire craquer mes os et reprendre ma forme bipède que je n’apprécie pas tant. Je soupire et enfile mes vêtements que j’avais laissé dans le coin en parcourant une branche, puis redescend à l’aide de petits bons, passant une main dans mes cheveux. Je prendrais une douche plus tard, n’appréciant pas le contact de ma peau sans pelage sur le tissu après efforts, c’est certes, naturel, mais assez corsé comme odeur. Comme à mon habitude je ne la féliciterais pas, j’attends, croisant mes bras, qu’elle daigne m’offrir sa présence pour faire le point sur cet entrainement, qui plus est rallongé puisque j’en ai décidé ainsi, tant pis si elle avait autre chose à faire à cette heure. « Sors de ta cachette maintenant »